Le Vasa, histoire d’un navire ressuscité

Exposé dans un musée à son nom à Stockholm, le Vasa est devenu, malgré sa destinée, un emblème et une fierté pour les Suédois. Immergé par les eaux pendant des années, un homme réussit enfin en 1956 l’exploit de ramener cette immense épave à la surface. Ressuscitant son histoire avec elle.

Nous sommes le dimanche 10 août 1628. La foule s’amasse devant ce navire, s’extasiant devant cette immensité. Haut de 52 mètres et long de 69 mètres, le Vasa est recouvert de sculptures représentant des figures de la mythologie, des anges et des démons. Des têtes de lions rugissent prêts prendre la mer pour défendre ses terres. Le dos du bateau est spectaculaire, les couleurs jaillissent mises en valeurs par toutes ses lignes dorées. Plus de mille chênes auront été abattus pour cette construction.

L’équipage prend place à bord accompagné de leur femme et de leurs enfants. C’est le jour de son inauguration. Tous applaudissent cet exploit, cette construction spectaculaire, cette fierté prête à parcourir les océans. Le Roi Gustave II Adolphe, lui, attend en Prusse avec impatience sa venue se doutant à aucun moment de la vulnérabilité de sa commande. Le navire quitte le quai et s’éloigne du port sous les adieux de la foule. Il atteint la baie de Telgelviken, le vent souffle dans les voiles. Il se met à vaciller. Il avance encore avec difficulté. Les voiles se gonflent encore et encore. Il perd l’équilibre et se couche. L’eau entre trop rapidement. Il est perdu. La centaine d’équipage tente de fuir le navire. La moitié y trouve la mort.

Le Roi apprendra la nouvelle plusieurs jours plus tard. Furieux, il veut punir les coupables de cette catastrophe. On accusa le capitaine Söfring Hansson pour ivresse ou encore pour ne pas avoir bien arrimé les canons. Puis le constructeur Hein Jakobsson et Arent de Groot qui plaideront non coupable ayant suivi les plans de construction à la lettre. Et enfin le maître d’équipage Jöran Matsson et l’amiral Fleming pour ne pas avoir stoppé le départ sachant que le navire était instable après plusieurs tests juste avant l’accident. Le bateau étant instable au moindre coup de vent, ils auraient dû mettre fin à sa mise à l’eau alors qu’il en était encore temps. Sous la pression du Roi impatient de voir le bâtiment naviguer et de voir enfin l’aboutissement d’un travail titanesque, les deux hommes n’avaient su trouver la volonté de tout arrêter.

Pendant des années, le Vasa fut victime de tentatives de pillage. Sachant tout ce trésor enfoui sous l’eau, nombreux tentèrent de récupérer des canons en bronze ou autres parties du bateau ayant de la valeur. La profondeur conséquente et la difficulté d’en extraire les pièces finirent par faire baisser les bras de tous. Dans les années 1660, un dénommé Anders Amundsson fut le premier à descendre jusqu’à l’épave à l’aide d’une énorme cloche. Des travaux furent entrepris et une cinquantaine de canons furent remontés. C’est en 1953 qu’Anders Franzèn va mener des recherches approfondies pour tenter de remonter la totalité du navire. Et il y arrivera, puisqu’en 1961, le Vasa voit enfin la lumière du jour.

Non seulement, on mit du temps à le localiser dans les profondeurs mais aussi son renflouage demanda un travail titanesque. Enfoui durant 333 ans, l’épave ne pouvait sans difficulté passer de l’eau à l’air libre ni être soulevé sans se désagréger. Des équipes de scientifiques du monde entier vinrent s’associer pour trouver les solutions.  

Pendant deux ans, les équipes creusèrent 6 tunnels sous le bateau dans lesquels ils firent passer des câbles afin de pouvoir le soulever. Etant encore trop fragile car remplis d’eau, il fallut consolider l’ensemble de la coque pendant encore 2 ans. C’est le 14 avril 1961, qu’enfin le Vasa a pu enfin remonter à la surface après 333 ans au fond de l’eau.

Mais le travail n’était pas encore terminé. Des pompes ont dû être installées pour vider entièrement l’eau du navire. De la vase recouvrait tout et les équipes d’archéologues durent se vacciner contre le tétanos et l’hépatite pour ne pas être infecté.

Beaucoup de morceaux étaient cassés. Il fallut tout remettre à sa place et trouver les parties manquantes dans les décombres. Plus de 3000 objets ont été récupérés (sculptures, ornements, vaisselle, vêtements, armes, …). Tout a ensuite dû être traité. Le fait de passer de l’eau à l’air, le navire pouvait s’effondrer à tout moment. Un mélange d’eau et de polyéthylène a donc été appliqué sur chaque pièces afin de renforcer le tout et éviter les fissures. Un travail de longue haleine qui continue encore aujourd’hui afin de préserver au maximum le navire ! 

On peut le voir au musée à Stockholm et c’est juste… impressionnant ! Lorsque nous passons la porte d’entrée nous faisons face à ce grand navire devant lequel pour paraissons minuscules. Une maquette miniature représente le bateau avec toutes ses parties et ses couleurs d’origine. Déjà qu’il est impressionnant maintenant, il devait l’être encore plus avant ! On peut faire le tour de l’épave mais aussi monter sur plusieurs étages afin de pouvoir le voir à différents niveaux. Les objets sont aussi exposés : des vêtements, de la vaisselle, des objets personnels, des morceaux de voiles, de cordes, des canons… mais aussi du matériel qui a servi au sauvetage du navire. De nombreuses maquettes reconstituent les étapes de la remonté du Vasa pour mieux comprendre le travail titanesque qui a été fait. Et c’est beau de voir de quoi l’homme est capable de réaliser pour sauver son passé et montrer aux générations futures la beauté que nous apporte l’histoire. C’est un musée à ne surtout pas rater si vous passez par-là !!!

Auteur : Cindy Poupelain

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